Journal de bord de l'Harmattan |
Fri, 04 Oct, 2013 15:00:00 - 37° 48 N 16° 03 E N° 677 - Du sud du PĂ©loponnèse Ă Messine
17h heure du bord.
Bonjour Ă tous,
Pas de nouvelles depuis lundi, plus de son plus d’image, que se passe-t-il ?
Non je ne vous ai pas oublié, c’est tout simple, Harmattan et son « Captaine » étaient en mer, hors de porté d’un réseau GSM, le blackout complet. Lors de mon tour du monde je pouvais communiquer tous les jours grâce à mon téléphone satellite mais c’est horriblement cher, 15 € le mégaoctet !
Pour vous donner une idée, consultation de ma boîte mail, lecture de deux ou trois mails reçus, une réponse, la météo, l’envoie de la nouvelle quotidienne le soir et c’est entre deux et trois méga de consommés. Avec quelques communications téléphoniques c’est vite 1500 € à 2000 € par mois.
Pour traverser un océan, lorsque l’on est trois semaines hors de vue des côtes, la connexion satellite c’est très bien mais j’ai estimé qu’en Méditerranée c’était du superflu. Du coup, pour les « longues » traversées (3 jours maximum), je suis dans le noir complet.
Je vous ai laissé lundi en train de batailler pour passer les trois caps au sud du Péloponnèse. J’ai finalement jeté l’ancre devant le petit port de Methoni à 3 heures et 20 minutes mardi matin. L’intérêt de ce mouillage est de pouvoir y arriver de nuit. Je suis entré dans la rade entouré d’éclairs, l’orage a fini par exploser au lever du jour.
Réveil en fanfare sous un déluge d’eau avec spectacle son et lumière. Les coups de tonnerre simultanés avec les éclairs, j’ai eu très peur pour mon électronique. Le mât faisant antenne, il arrive que des voiliers prennent la foudre, ce qui a pour effet de griller tout le matériel électronique du bord.
Une fois l’orage passé, je remets en marche. Je regrette de ne pas pouvoir visiter cet endroit très pimpant avec sa tour Turque et ses fortifications Vénitiennes mais je dois avancer et mon but est de faire une escale technique. Ici ce n’est pas possible car il n’y a pas de quai.
Je fais donc 12 Miles de plus pour rentrer dans la marina de Pilos. C’est le bazar ici, la marina est à l’abandon et c’est difficile de trouver une place. Je fini par me mettre à couple d’une barge. Ouf, je suis exténué par ces 410 Miles parcourus non stop en slalomant entre les îles. Traverser des océans en solitaire c’est facile mais faire ce genre de parcourt en solitaire est épuisant. D’une part les conditions météo sont plus difficiles et d’autre part on est sollicité jour et nuit par la navigation, les îles à contourner et le trafic très important.
Une bonne douche dans le bateau car à terre il n’y a rien, ni installations sanitaires, ni eau, ni électricité et me voici parti sur mon vélo pliant reconnaître la ville et faire un petit restaurant. Dès mon retour je m’attaque à la vidange et au changement du filtre du moteur principal. Puis c’est la corvée poubelle et enfin le plein de gasoil grâce à un petit camion citerne qui vient à quai.
Ensuite je dois trouver de l’huile neuve pour mettre dans mon moteur et ce n’est pas facile. Ici aussi la ville est en pente et mes mollets en prennent un coup. Je suis interrompu par un gros orage et je dois me réfugier une demi-heure sous le porche d’une maison. Heureusement que j’ai pensé à fermer les capots du bateau en partant.
Finalement je reviens avec 6 bidons d’un litre de 10W40, c’est tout ce que j’ai pu trouver. Je fais ensuite les courses pour 7 jours de mer car j’ai l’intention de faire un non-stop jusqu’à Bonifacio. Lorsque j’ai fini c’est le moment de dîner et je me jette au lit pour enfin une vraie nuit.
Je largue les amarres mercredi matin à 9h30 pour entreprendre cette traversée de 300 Miles environ (en ligne droite) entre le sud du Péloponnèse et le détroit de Messine que je vais franchir cette nuit. La traversée a été virile mais très sympa. Je suis parti en descendant sur Malte puis j’ai tourné avec le vent ce qui me fait un parcourt d’environ 380 Miles.
En mer, même s’il reste vrai que la ligne droite soit le plus court chemin pour aller d’un endroit à un autre, ce n’est pas forcément le plus rapide, il faut faire avec l’évolution prévisible de la météo. Du près en permanence avec un peu de génois, trinquette, grand voile à un ou deux ris et artimon. La mer est grosse les deux premiers jours puis petit à petit elle se calme en arrivant sur la côte italienne.
A l’entrée du détroit de Messine il ne fait pas beau, c’est gris, voir noir. C’est triste.
Le bateau marche merveilleusement bien, c’est une cavalcade dans les vagues, je suis en permanence entre 6 et 8 nœuds et j’ai même fait une pointe à 9,78 N. Pour un déplacement lourd c’est beau d’atteindre cette vitesse au près. Mon seul regret est que mon alternateur d’arbre d’hélice ne débite pas. Je l’ai fait réviser l’hiver dernier et depuis il ne fonctionne plus. Je vais devoir le reporter.
Par contre comme je n’ai jamais réussi à rendre mes réservoirs étanches, avec le bateau gîté au près, j’ai du gasoil partout. Le gros chantier de cet hiver va consister à détruire les fonds et à réaliser des réservoirs en inox. Ainsi je serais beaucoup plus tranquille.
A bientĂ´t.
Jean-Louis |
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