Journal de bord de l'Harmattan |
Thu, 09 Oct 2014 10:00:00 - Dans le TGV Paris / Arles N° 726 - Tout s’accĂ©lère
Jeudi 9 Octobre 2014 Ă 10H00 TU, 12h00 en France.
Bonjour Ă tous,
Tout s’accélère, tout se bouscule, tout s’emballe, c’est l’ambiance habituelle qui précède les grands départs ! J’adore ces moments où l’excitation atteint son paroxysme. Est-ce bon pour mon cœur ? Je ne sais pas, mais ce sont des jours où la vie coule dans mes veines en faisant de gros bouillons. Je sais qu’il faudra payer. Le coût sera une légère dépression durant les premiers jours de mer lorsque la pression retombe mais j’ai l’habitude et je pense que l’on ne peut y échapper.
Je me suis donc rendu à Garches mardi soir, au laboratoire du sommeil pour faire un point sur les quinze premiers jours d’utilisation de mon appareil. J’ai beaucoup de plaisir à rencontrer Sarah, le Docteur qui me suit. C’est une anglaise très compétente et nous sommes contents de nous retrouver. Mon appareil est équipé d’une carte à puce que nous branchons sur un ordinateur.
Elle me montre alors les différentes courbes et les résultats sont excellents. Je me suis habitué pratiquement instantanément et le nombre de mes apnées a été divisé par dix !!! C’est incroyable. Elle me félicite vivement pour mes qualités d’adaptation, me dit que c’est exceptionnel et qu’elle n’a jamais vu cela. Un copain à moi a mis trois mois à s’adapter.
Cette faculté d’adaptation est un don de la nature et surtout une chance énorme. C’est elle qui me permet de vivre des aventures extraordinaires en minimisant les risques. Nous referont le point mi novembre mais pour l’instant nous avons décidé de ne rien changer.
Hier j’ai repris un abonnement satellite et Didier a travaillé pour mettre mon ordinateur à jour afin d’actualiser mon logiciel météo, pour adapter mon système de mail en limitant au maximum les transmissions de données et pour supprimer les connexions automatiques. A 15 dollars le mégaoctet transmis par satellite, il vaut mieux être économe.
Je profite de ces voyages en train pour préparer ma conférence du 2 décembre devant les transplanteurs. C’est pas mal de boulot et je dois me replonger dans mon blog pour retrouver des informations. Comme à chaque fois, ce sont des moments d’émotions énormes. Je revis alors toute mon aventure, les souvenirs affluents et, avec le recul, l’énormité des situations rencontrées m’impressionne. Comment ai-je pu vivre tout cela ?
Au milieu de l’océan Indien, malade depuis plusieurs jours, la fièvre, les frissons, un fort mal de tête, des orages énormes, plus d’eau douce et une décision énorme que je dois prendre. La décision la plus dure de toute ma vie. Je suis relancé en permanence au téléphone et par Internet. Le CROSS, le CCMM, le Comandant de la force ALINDIEN, un responsable dans un ministère en France.
Si je me déroute sur Diégo Garcia (une journée de mer), ce que veulent tous ces interlocuteurs, je sauve ma vie mais je suis sûr de perdre mon bateau car je n’aurai pas le droit de revenir sur cette base américaine hyper sensible. Par contre si je continue pour La Réunion à 12 jours de mer, je risque un choc septique ou une septicémie. Je dois donc choisir entre la certitude de perdre mon bateau ou un risque important de perdre la vie ! Et pourtant il faut trancher, je suis seul face à cette décision.
Le Professeur de Ligny, mon transplanteur, qui connaît parfaitement mon dossier, n’est pas aussi catégorique et cela aide ma réflexion.
Je décide de poursuivre sur La Réunion et immédiatement je change de cap pour reprendre ma route. Je sais que très rapidement cette décision sera irrémédiable car en voilier autant il est facile de courir avec le vent, autant il est difficile d’avancer contre celui-ci. Heureusement les antibiotiques choisis par le Professeur de Ligny sont adaptés à ce germe et ma santé s’améliore rapidement.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
|
© 2009-2024 Jean Louis Clémendot |