Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 24 Jan 2015 20:00:00 - 4° 15 N, 27° 37 W N° 763 - Des premières fois
21h00 en France, 19h00 heure du bord.
Bonjour Ă tous,
C’est le weekend, quelle est passée vite cette semaine !
Aujourd’hui c’est le jour des premières fois. Après une nuit comme à la maison, je me lève à 6h30, coup de brosse, chouchou, short, un petit tour sur le pont et me voilà déjà à la table à carte. L’alizé s’est essoufflé en début de nuit tout en restant assez Nord. Nous marchons moins fort et notre route est plein Sud alors que nous devrions faire route Sud Sud Ouest. Il va falloir changer de configuration.
Un petit tour sur Internet pour consulter la météo de Pierre-Yves ainsi que mes mails, une réponse ou deux, puis je me remets sur la navigation. Ecran radar, cartographie, étude de la route, tout d’un coup je distingue comme un carré gris près du bateau. Au début je n’y prête pas attention puis cela m’intrigue, qu’est-ce que cela peut-il bien être ? Je zoom, encore, encore … et surprise : une cible AIS !!!!
Je gicle dans le cockpit et découvre dans la brume un énorme monstre qui nous vient droit dessus sur bâbord. Je hurle par le panneau arrière « Des pirates, tout l’équipage aux postes de combat ». Incroyable ! Je me suis payé un AIS pour Noël, c’est un appareil qui permet aux bateaux de communiquer entre eux à travers la VHF. Les informations position, cap et vitesse permettent à l’ordinateur de bord de calculer les routes de collision.
C’est un très bon complément au radar. J’avais besoin de cet appareil d’une part lorsque le radar est aveugle sous les très gros orages et d’autre part pour discriminer une situation anormale comme lorsque j’ai croisé ce bateau à l’arrêt mais continuant à porter ses feux de navigation. Puis, à titre accessoire, il permet de signaler ma position aux cargos. J’ai installé mon AIS depuis notre départ de Las Palmas et j’avais hâte de rencontrer un navire pour voir s’il était opérationnel.
Pour l’instant l’émetteur ne fonctionne pas car il faut un numéro MMSI dont j’ai fait la demande mais le récepteur fonctionne parfaitement bien. Je redescends à la table à carte pour lire les informations, c’est le Stena Drill Max, il fait route droit sur nous à 9 Nœuds. Il fini par nous calculer et met un coup de barre pour passer sur notre arrière. Enorme, plein de matériels et de technologie, toute la partie supérieure avant est une plateforme d’atterrissage pour hélicoptère et il est surmonté d’une grande tour de forage car comme son nom l’indique, il est capable de percer l’écorce terrestre à plusieurs milliers de mètres sous la surface des eaux.
Nous passons plus d’une demi-heure à l’observer avant de prendre rapidement le petit déjeuner, ce matin il y a du travail. Cette nuit j’ai décidé de changer de configuration et de partir plein vent arrière sur Saint Paul car comme c’est parti actuellement nous n’y serons pas avant mardi.
Le but de la manip est de gréer pour la première fois mon beau tangon tout neuf et de mettre les voiles en ciseau plein vent arrière. Jacky m’aide, j’utilise la drisse de trinquette comme hale-haut, le bras de spi comme hale-bas. Tout se passe admirablement bien et bientôt, Harmattan repart comme un papillon aux ailes déployées. Bien sûr, c’est rouleur mais nous filons droit sur l’objectif à une vitesse convenable.
Un autre travail m’attend ce matin, avec l’hygrométrie qui règne ici, l’évaporateur du frigo s’est transformé en un énorme boc de glace. Aussi j’ai remis en marche le congélateur avec l’intention de transférer dedans un maximum de produits périssable avant de vider, dégivrer si l’on peut dire et nettoyer le frigo de la cambuse.
Mais tout d’un coup, l’alarme collision retentit, ce sont nos premiers orages et lorsque je sorts sur le pont je découvre « de gros nuages noirs » comme dirait Georges Brassens. Le ciel est d’un noir profond, l’écran radar est tout blanc, bienvenue dans le fameux pot au noir ! Pour l’instant c’est assez « léger », un peu de pluie mais au bout de deux heures le temps s’éclaircie à nouveau pour faire face à une belle journée.
Malheureusement, le vent faiblit de plus en plus et pour la première fois depuis notre départ je dois envoyer le moteur pour continuer à avancer. Serons-nous lundi soir avant le coucher du soleil sur Saint Paul ? Nous verrons bien. En attendant il fait 30 degrés dans le bateau, tout est moite et dormir par cette température va être difficile.
Seulement 162 Miles au compteur aujourd’hui.
A bientĂ´t
Jean Louis |
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