Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 13 Feb 2016 09:00:00 - 23°59 S 46°18 W N° 855 - Au large du Paraná
7h00 heure du bord, 9hTU et 10h00 en France.
Bonjour Ă tous,
Coucou, me revoilà . Comme je vous l’avais précisé, je n’ai pas pris d’abonnement au satellite pour cette petite ballade, du coup je vais parfois disparaître des écrans radar jusqu’à quatre jours consécutifs. En effet loin des côtes mon téléphone GSM ne capte plus et je ne peux plus communiquer. Nous nous retrouverons donc à chaque étape terrestre.
Revenons donc à mercredi soir, journée où j’ai accumulé les problèmes. Mon groupe électrogène vient de tomber en panne et, après dîner je décide de me pencher sur le malade. Je change le pré-filtre et le filtre principal mais je dois me rendre à l’évidence c’est la pompe de gasoil qui a fini sa vie.
Jeudi matin je me lève tout excité, j’adore ce genre de chalenge. Le jeu consiste à trouver une pompe de gasoil qui puisse convenir dans une ville que je ne connais pas, avec des habitants dont je ne parle pas la langue et sans disposer d’Internet (mon bateau est au mouillage au milieu du chenal).
Difficulté supplémentaire, il a fait une chaleur épouvantable hier et aujourd’hui il pleut. C’est plus exactement un crachin breton mais avec 28 degrés de température ambiante, on fermente sous les cirés.
Après avoir démonté et enroulé dans un chiffon ma pompe, je saute dans l’annexe, je traverse le rio et vais jusqu’au chantier naval à une demi-heure de là . Un gardien m’accueil, nous ne nous comprenons pas mais je lui montre ma pompe. Il appelle un gars qui passe et ils parlent dans une langue que je ne comprends pas.
Après un moment ils sont 7 ou 8 à discuter. Cela semble compliqué. Il se remet à pleuvoir, nous sommes mouillés mais personne ne va se mettre à l’abri alors j’évite de sortir ma cape de pluie avec Astérix dans le dos.
Tout d’un coup, tout le monde se disperse comme une envolée de moineaux et un gars me fait signe de le suivre. Je passe ainsi de main en main, comme un genre de chaîne de l’amitié. Et je suis persuadé qu’au bout de cette chaîne se trouve la solution à mon problème. A noter, la chemise trempée dans des bureaux où la climatisation est à fond, pas top !
Après pas mal de pérégrinations je me retrouve chez Tork Marine. Marcelo et Tihomir prennent le problème en main et après une heure sur Internet et au téléphone ils m’appellent un taxi qui me conduit au milieu de la ville, dans un petit atelier où l’on répare des moteurs de toutes tailles.
Ici on ne parle pas anglais non plus. Je sors ma pompe, regards septiques, je commence à douter. Mais après un bon moment de palabres et de va et viens un gars me propose de démonter une pompe sur un groupe électrogène en réparation. Ce n’est pas la même pompe, je vais devoir adapter mais c’est une solution.
Il me demande 100 dollars. C’est cher pour une pompe qui a déjà eu sa vie mais c’est le jeu. Heureusement j’ai toujours des dollars sur moi. L’affaire doit être bonne car on me reconduit à mon annexe en voiture. Je déjeune rapidement et à 15 heures mon groupe tourne, challenge gagné.
Je dois faire un approvisionnement. Comme il pleut les pêcheurs ne sont pas là du coup mon annexe se garde toute seule. Puis à 17h45 je lève l’ancre sous ce crachin breton. Les cargos se bousculent à l’entrée du Rio. Dès que je sors de la baie il y a du vent et de la houle mais je suis bien.
J’adore naviguer la nuit. C’est beaucoup plus intense, j’ai l’impression d’être seul au monde. Dès que je m’éloigne de la côte le ciel s’éclairci, les nuages restent accrochés aux montagnes. Dans mon cockpit je savoure ce moment intense, les lumières de la côte qui s’éloignent au loin, mon bateau qui file toutes voiles dehors et cette belle Croix du Sud un peu sur mon bâbord dans le ciel étoilé.
Aujourd’hui il a fait un temps magnifique, j’en ai profité pour réparer mon guindeau.
Ce matin je suis en train d’embouquer le chenal qui mène à Paranagua, je me suis présenté en entrée à 6h30 traverser la passe en fin de marée montante.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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