Journal de bord de l'Harmattan |
Wed, 13 Apr 2016 17:00:00 - A Cormeilles en Vexin N° 877 - PrĂ©paration de l’Aventure
19h en France.
Bonjour Ă tous,
L’inconnu est pour moi une source d’interrogations et de mal être. Lorsque je suis malade, le diagnostique est toujours une étape positive. Souvent les nouvelles sont bonnes et c’est un soulagement. Mais, même si l’on m’annonce quelque chose de grave, insuffisance rénale chronique, dialyse, cancer, je me sens quelque part soulagé car je bascule d’une situation d’incertitude et d’attente à une situation où je peux agir, où je peux m’informer, où je peux analyser et où je peux me battre.
Je fonctionne ainsi pour tout ce qui me concerne. Le projet de descendre en Patagonie, de passer le Cap Horn, d’emprunter les canaux, de me retrouver au pied des glaciers en mouvement, d’affronter la furie des vents catabatiques et le froid des hautes latitudes est assez impressionnant à première vue. Traverser un océan en solitaire semble beaucoup plus facile.
Mais je suis loin d’être le premier, depuis quelques années chaque été austral plusieurs bateaux vont se promener dans cette région. Parfois un bateau va même jusqu’en antarctique. Certains ont écrit des blogs ou même des livres. Leur lecture me permet de mieux connaître les conditions climatiques et les difficultés que je vais rencontrer.
Aussi, au fur et à mesure de mon information la baudruche se dégonfle progressivement. Comme pour chaque épreuve je prépare cette aventure très méticuleusement. Plus je m’informe, plus je travaille le sujet, plus je détaille les difficultés, plus je les analyse, plus je les comprends et plus je les gère, alors plus cette future ballade semble à ma mesure.
En tout premier lieu il s’agissait de préparer le bateau pour ces conditions inhabituelles. Aucune grosse réparation ne sera possible pendant plusieurs mois. Entre Mar Del Plata située à 400 kilomètres au Sud de Buenos Aires sur la côte Est de l’Amérique du Sud et Puerto Montt au Chili sur la côte Ouest, à une latitude un peu plus Sud, il n’y a aucun moyen pour sortir le bateau de l’eau. De plus on ne trouve aucune pièce de rechange, il n’y a pas de shipchandlers.
J’ai pris toutes les décisions et j’ai agi pour repartir avec un bateau parfaitement en état, voiles, moteur, pilote automatique, groupe électrogène, dessalinisateur, radar, électronique, capote de protection, chauffage, cordages, équipements… tout va être prêt pour affronter cette région difficile.
J’ai également passé énormément de temps (et je continue) à analyser la route, les étapes, les conditions climatiques et les stratégies à adopter en fonction de ce qui peut m’arriver. Je sais exactement quels canaux je vais emprunter, quelles « caletas » vont m’abriter et dans quels endroits (ils sont extrêmement rares) je vais pouvoir approvisionner du gasoil ou bien un peu de nourriture.
Je repars mardi soir (le 19) pour Piriapolis et je serais sur Harmattan en milieu d’après-midi mercredi prochain. Malgré tout le temps que j’ai déjà passé sur mes réservoirs j’ai encore des problèmes. Cette fois, je retrouve du gasoil dans l’eau douce. Lorsque je prends ma douche je suis parfumé au « Diesel ». C’est classe mais pas très cool.
Que se passe-t-il encore ? Je dois vider tout mon gasoil. Les deux nouveaux réservoirs en époxy que j’ai fabriqué en 2014 fonctionnent parfaitement. La difficulté vient du réservoir d’origine. Je vais solutionner mais c’est encore du temps passé sur ce problème qui dure depuis pas mal de temps.
Je vais également installer mon chauffage puis j’aurais plusieurs semaines pour le rôder avant de descendre dans les hautes latitudes. Je vais aussi installer mon pilote automatique remis entièrement à neuf.
Maintenant en Uruguay c’est la fin de l’automne, la température ne monte plus trop au dessus de 20 degrés et il pleut beaucoup. C’est moins bien que l’été mais ce n’est pas le bagne non plus.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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