Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 26 Apr 2016 11:00:00 - 34°53 S 55°17 W
N° 880 - Et jura mais un peu tard …

8h heure du bord, 11hTU et 13h en France.


Bonjour Ă  tous,

…qu’on ne l’y reprendrait plus ! Quelle nuit les amis !

Il est 6h45 ce mardi matin et je suis Ă  la table Ă  carte sur mon ordinateur !
La semaine dernière, samedi et dimanche le temps était magnifique, grand soleil, pas de vent, température estivale entre 25 et 27 degrés.

Ce weekend les Piriápolissiens et les Piriápolissiennes sont tous dehors. Le bord des quais du port est bordĂ© d’un long ruban de pĂŞcheurs et de pĂŞcheuses qui sortent en permanence des petits vifs argents frĂ©tillants. La pĂŞche est ici une vĂ©ritable passion, il y a mĂŞme des enfants et des bĂ©bĂ©s dans leur poussette. Il faut dire que le fleuve de couleur marron est chargĂ© d’aliments, pour preuve l’épaisseur de graisse qui entoure Gaspard, mon copain le lion de mer.

Pratiquement tous ces gens ont la canne dans une main et la calebasse dans l’autre. Régulièrement ils tirent un coup sur la bombilla pour aspirer une petite gorgée de Maté. De temps en temps ils ouvrent la bouteille thermos qui se trouve à portée de main pour verser dans la Calebasse un peu d’eau chaude. Depuis le temps que cela me travaille je ne peux plus résister, demain j’essaye. Quelle mauvaise idée !

Ce lundi matin le temps s’est complètement dégradé, il fait gris, il pleut beaucoup et la température a chutée de dix degrés. Vers onze heures j’enfile mes gros brodequins, mon ciré et, le parapluie dans une main je pars au supermarché qui se trouve au bout de la ville. En plus de mes courses pour trois jours je prends une belle bombilla dorée (deux euros cinquante) puis je dois choisir l’herbe.

L’opération est difficile car il y a au moins une vingtaine de paquets différents, en un kilo et en 500 gr. J’essaie d’éviter tous ceux avec des mots ressemblants à « dynamite », « zen », « euphorisant » … Finalement je fais mon choix sur la beauté du paquet et je prends 500 gr de « Yerba Maté » de chez « Del Cebador », « Sabor Intenso ».

Lorsque je rentre au bateau il est 13 heures, le temps de cuisiner ma côte de porc et mes pommes de terre Sarladaise je termine mon repas à 14h30 et immédiatement je prépare le test. Je mets de l’eau à chauffer puis je sors un mug dans lequel je dépose la bombilla. Je le rempli ensuite à ras bord d’herbe tel que je le vois faire dans la rue. Ensuite je verse l’eau chaude et laisse infuser.

Puis vient le grand moment, l’instant de ma première aspiration. En fait ça ne vient pas tout seul, il faut aspirer avec force et on récolte une toute petite gorgée d’un liquide fort et chaud, au gout de caramel et légèrement amère. Bien qu’il n’y ait pas d’herbe dans ce liquide j’ai l’impression que c’est assez épais. C’est bon, un peu comme du thé mais en beaucoup plus fort.

Je me mets au travail et régulièrement j’aspire une petite gorgée. J’y reviens très facilement, serais-ce addictif ? Oui, très certainement, il suffit de voir tous ces gens de tous âges, jeunes, vieux, moins vieux, garçons, filles, hommes, femmes, tous avec la calebasse dans la main en train de tirer sur la bombilla.

En milieu d’après-midi je chauffe de l’eau à nouveau et je m’en remets un coup. Je suis un peu excité mais sans plus. Je rappelle que c’est cardiotonique. Lorsque je vais en ville je marche d’un bon pas. Je suis bien.

Mais en fin d’après midi c’est moins bien, je suis moyen, j’ai le cœur qui lève un peu. Je ne me couche pas trop tôt mais il n’y a rien à faire, comme diraient mes petits enfants « le dodo il est pas là ». J’ai les yeux comme des balles de pingpong, je suis excité comme une puce, je saute dans le lit d’un côté et de l’autre comme une crêpe à la Chandeleur.

Pour ne rien arranger la tempête s’est levée, le bateau gîte sous les rafales de vent. Celui-ci venant du large le fleuve ne peut plus se vider et il est monté de deux mètres en quelques heures. Le quai est sous 40 cm d’eau et Harmattan tire sur ses amarres avec force. Régulièrement, n’ayant rien d’autre à faire je me lève, m’habille et fait un tour de pont qui ne sert à rien. Si j’étais à Cergy le bateau se débrouillerait bien tout seul.

Je vois les heures passer, j’ai un peu la gueule de bois, mon estomac se tortille méchamment et j’ai le cœur au bord des lèvres. Quelle mauvaise idée ! J’essaie de visualiser un alpage en été, je positionne les sapins, une belle herbe bien grasse, un petit lac de montagne. Le paysage commence à s’animer, les vaches avancent doucement avec leurs grosses cloches et je sens que le sommeil vient mais tout d’un coup c’est irrépressible, je dois absolument me retourner et c’est foutu.

Je ressasse pleins de petits soucis. Dans la nuit je noircis tout, j’étire un petit tracas de 3 mm jusqu’à en faire un énorme problème de 30 centimètres. A quatre heures et demie je me réveille en sursaut mais je n’ai dormi qu’environ dix minutes. Finalement je me lève à 6h30 sans avoir dormi plus de 30 minutes en mettant bout à bout ces quelques petits morceaux de sommeil.

C’est fini, j’ai rangé l’ « herbe », une fois suffit.

A bientĂ´t

Jean-Louis

PS : Je ne sais pas quand je vais pouvoir envoyer ce post car je suis bloqué sur Harmattan jusqu’à la décrue ?
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