Journal de bord de l'Harmattan |
Des astres pas bien placĂ©s - A Piriapolis (Uruguay) N° 881 - Sun, 01 Mai 2016 12:00:00
10h heure du bord, 12hTU et 15h en France.
Bonjour Ă tous,
Je ne comprends pas l’horoscope en langue espagnole mais depuis une dizaine de jours ce ne devait pas être très brillant pour les poissons. Une question de positionnement des astres au dessus du pays très certainement.
J’emmanche galère sur galère et je dois m’accrocher à la moindre victoire pour arriver à survivre. Tout a commencé par cette histoire avec la douane, 300 Euros de bakchich et une journée de perdue pour aller rechercher ma chaudière.
Il y a eu ensuite la bicyclette. Le port est un peu loin de la ville qui est elle-même assez étendue. Lorsque je suis arrivé j’en avais loué une 1500 Pesos (Environ 42€) pour 15 jours. Maintenant j’en voudrais une pour un mois et demi mais la boutique est fermée, la saison est finie. Un autre loueur me dit c’est 4000 Pesos !!! Je refuse.
Je m’en ouvre à Alejandro, c’est le patron du shipchandler. Nous avons sympathisé, il parle un peu français, est extrêmement dévoué et a énormément de chose dans sa caverne d’Ali Baba. Il va s’informer. Finalement je vois qu’en ville il y a des vélos neufs bien équipés à 6000 Pesos et je suis presque décidé à en acheter un. Mais dans l’après-midi Alejandro me dit que son employé va me donner un vieux VTT. Il faut qu’il le remette en état, je l’aurais demain.
Alejandro c’est monsieur demain. Je ne lui demande rien mais à chaque fois que je passe dans sa boutique il me reparle de ce vélo « tu l’aura demain ». Et depuis dix jours je parcours la ville à pied, j’en ai mare et je perds du temps. Finalement hier soir je passe devant le premier loueur, sa boutique est ouverte et la femme me vend un VTT 12 vitesses, une bonne occasion pour 1700 Pesos !!!!
Autre source de contrariété, cette foutue chaudière ! Je pensais que les prises d’entrée d’air et d’échappement étaient du même diamètre que sur la chaudière précédente mais pas du tout. C’est un énorme problème car l’Uruguay étant un tout petit pays les marques ne sont pas représentées. Elles sont présente à Buenos Aires qui se trouve juste de l’autre côté du fleuve mais les relations douanières entre les deux pays sont paraît-il très mauvaises et il vaut mieux rapporter la marchandise d’Europe !!!!!
J’avais imaginé que mon chauffage serait en marche au maximum 48 heures après mon arrivée mais il n’est pas prêt de fonctionner. Autre problème, mon vérin de pilote que j’avais fait remettre à neuf ne fonctionne plus du tout. Après réflexion je pense que c’est lié à l’électrovanne qui permet d’enclencher la fonction pilote.
Je la démonte et surprise, il manque carrément un joint, les autres n’ont pas été changés et il y a des morceaux de joint dans la cavité. J’arrive à trouver des joints de remplacement en ville mais la grande question est : les joints à l’intérieur du vérin ont-ils été remplacés ? Malheureusement je n’aurais une certitude que lorsque je serais déjà parti et en situation de vent fort. Il sera alors trop tard pour faire demi-tour.
Autre source de soucis, j’envoie des mails à Adriana, la couturière qui doit me refaire une capote neuve mais pas de réponse. Ajouter à cela une semaine d’extrême mauvais temps avec une énorme crue qui m’a bloqué sur le bateau pendant 36 heures, le niveau de la mer atteignant 60 centimètres au dessus du quai et vous comprendrez que la coupe puisse déborder un peu.
Finalement vendredi la tempête s’est calmée et bien que l’hiver soit maintenant là , il ne devrait plus y avoir de vents forts dans les quinze prochains jours. J’ai pu finir de remonter mon pilote automatique qui fonctionne au port, c’est toujours mieux que pas. Et puis hier Adriana est réapparue !
Nous avons passé deux heures à prendre des mesures et à discuter de ce que je voulais et de ce que je ne voulais pas. Discuter est un bien grand mot car elle ne parle ni anglais ni français et je ne parle pas un mot d’espagnol. Heureusement j’ai le traducteur sur mon téléphone mais j’en vois les limites. En fait il ne faut surtout pas faire de faute d’orthographe si l’on veut une traduction correcte. De plus si l’une des deux langues est l’anglais c’est nettement meilleur. Par ailleurs c’est fou ce que l’on peut se raconter en effectuant des mimiques et en singeant des attitudes.
Dernière difficulté, je dois lui payer d’avance la moitié de la facture soit un acompte de 500 dollars. C’est presque mission impossible car souvent les machines ne veulent pas et lorsque c’est possible on ne peut sortir plus de 200 dollars à la fois (cela permet aux banques de prélever au passage une vingtaine d’Euros de commission par opération).
J’ai dĂ» passer plus d’une demi-journĂ©e pour collecter cette somme astronomique en parcourant Piriápolis Ă pieds de long en large Ă la recherche des fameuses machines ou insĂ©rer ma « tarjeta » de crĂ©dit. C’est un peu comme les machines Ă sous dans les casinos, on est tellement habituĂ© de voir la machine refuser que, lorsqu’elle dĂ©livre enfin les billets tant dĂ©sirĂ©s, on trĂ©pigne et on hurlerait presque de bonheur.
Ce matin, dimanche premier mai il fait un temps formidable, grand ciel bleu, soleil éclatant, pas un poil de vent, les astres se sont remis en bonne position, c’est le bonheur.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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