Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 15 Oct 2016 22:00:00 - En bus entre Ushuaia et Punta ArĂ©nas N° 906 - Terra Del Fuego
19h heure locale, 22hTU, 24h en France.
Bonjour Ă tous,
Nous retrouvons ce matin le bus bleu de la compagnie chilienne « Bus-Sur » stationné sur le port d’Ushuaia. Il fait froid et nous sommes un peu déçus car nous comprenons très vite que les 5 étoiles affichées ont dû s’effriter progressivement au fil des centaines de milliers de kilomètres parcourus.
Le chauffage est quasi inexistant et nous devons rester équipés avec bonnet, écharpe, gants, anoraks … Mais le plus ennuyeux est que le bus n’a pas vu la douche depuis très longtemps et la visibilité à travers les vitres est très limitée. Il faut oublier la possibilité de faire des photos.
La première partie du parcours se passe dans la montagne. Nous sommes entourés de sommets enneigés avec par moment une vallée couverte de lichens marron, jaunes, ocres … Puis après une heure de route nous passons un col. En contre bas apparaît soudainement un grand lac allongé, encaissé au fond de pentes boisées.
Depuis notre départ je suis frappé par ce sentiment de désolation produit par une quantité impressionnante d’arbres morts. Par endroit ce sont de véritables forêts de squelettes, certains encore debout avec leurs bras tordus, tournés vers le ciel pour supplier je ne sais quel dieu et beaucoup d’autres déjà allongés, mais tous nus, gris, lisses, tristes, ternes, très certainement fauchés par la maladie dans la force de l’âge.
Vers 9h45 nous faisons une première escale technique, pose pipi, café et surtout j’en profite pour laver mon petit carré de fenêtre. Nous traversons maintenant la plaine océane et la température a repris quelques degrés, la vie est belle.
Le paysage a beaucoup changé, pays d’élevage du mouton, ces grandes steppes jaunes beiges où pointe parfois une légère nuance de vert sont creusées par de véritables rigoles qui serpentent à l’infinie comme si cette eau faisait tout pour retarder son arrivée dans l’océan. La route est bordée de chaque côté par une clôture puis c’est la liberté à perte de vue. Malheureusement, ici aussi, des restes d’emballage plastic transportés par les vents décorent les barbelés.
Nous longeons maintenant l’océan Atlantique, dans un mois je passerais très au large de cette côte basse, de ces hauts fonds inhospitaliers. Nous passons Rio Grande, capitale de la laine avec l’impression de traverser la Camargue. Les rares estancias sont de véritables petits villages de toits rouges avec chapelle et école pour les enfants de gauchos.
A 12h30, nous arrivons à San Sebastian puis à la frontière. Nous repartons à 14h30 après avoir visité le poste argentin et le poste chilien séparés par un no man’s land de 10 kms. Adieu la belle route goudronnée argentine et bonjour la piste chilienne. Nous sommes vibrés comme l’olivier au moment de la récolte, ce n’est pas agréable.
La route traverse d’immenses steppes arides sur des centaines de kilomètres. Ici les moutons ne sont pas en troupeaux, les brebis vivent solitaires ou avec quelques copines, souvent accompagnées d’un ou deux jeunes qui viennent de naître. Puis soudain nous apercevons notre premier guanaco. Qu’il est beau ! Qu’il est majestueux avec son port altier ! Chamois clair et crème, c’est un grand animal au long cou qui ressemble au lama.
Nous arrivons à 17 heures devant le détroit de Magellan. Beaucoup de camions forment une file pour traverser et nous devons attendre le second ferry. Finalement nous quittons la Terre de Feu et après un bon café pris dans le snack du bateau nous débarquons à 18 heures sur le continent.
Les paysages sont identiques avec ces immenses steppes à moutons. Nous arrivons finalement à Punta Arénas avec plus d’une heure de retard.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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