Journal de bord de l'Harmattan |
Sun, 26 Feb 2017 22:00:00 - 53°57S 71°36W N° 970 - Chasse Ă mains nues
19h heure du bord, 22 TU et 23h en France. A Caleta Hidden
Bonjour Ă tous,
Décidément Olivier n’arrive pas à se remettre de notre défaite au match de rugby France-Irlande. Pour se venger et digérer l’affront, il a effectué un superbe placage sur un jeune mâle Oie de Magellan. Rassurez-vous, nous l’avons relâché après la photo bien que l’envie d’y goûter était très forte.
Nous sommes dans un pays essentiellement d’oiseaux de mer et de mammifères marins. Nous apercevons souvent des dauphins, des phoques, des lions de mer, des baleines, des loutres, nous voyons énormément de sortes d’oiseaux mais aucun animal terrestre.
Il suffit de descendre à terre pour comprendre. Soit nous avons à faire à de grandes surfaces de granit lisses et nues, soit nous devons progresser dans une végétation étonnante qui arrive à vivre et exister dans un environnement où l’eau est omniprésente.
Du bateau ce qui frappe le plus ce sont tous ces troncs d’arbres morts. Ils vont du gris clair au blanc et leurs branches décharnées sont comme les bras d’un épouvantail géant. L’impression de souffrance est palpable, pourquoi tous ces arbres morts, que se passe-t-il donc en Patagonie pour que des forêts entières soient ainsi attaquées ? Est-ce un champignon ? J’aimerais beaucoup connaître la cause de tant de ravages.
Des vieux troncs morts de taille imposante montrent à l’évidence, que dans un passé récent, les arbres se sont bien portés. Malgré tout, on peut encore voir les petites taches vertes d’un reste de vie en haut de certains arbres. Ils sont tous couchés exagérément par l’action constante des vents dominants.
A terre il n’y a pas de sentier, pas de chemin, seule existe une végétation difficile à pénétrer. Elle est faite essentiellement de mousses, de lichens et de plantes résistantes et dures. Le sol est spongieux, on a l’impression de marcher sur une épaisse moquette qui s’enfonce parfois d’une vingtaine de centimètres sous chacun de nos pas.
A d’autres endroits, les plantes, les mousses et les lichens ont construits de grandes excroissances sur une hauteur qui peut aller jusqu’à 60 ou 80 centimètres. Elles sont très rapprochées les unes des autres et la progression ne peut se faire qu’en marchant sur leur sommet. Parfois un pied glisse et s’enfonce dans un « trou » au fond duquel une tourbe bien grasse vient emprisonner la botte. C’est épuisant.
Un peu partout des marres d’eau sont remplies de végétaux en décomposition. Elles font de quelques centimètres de diamètre à plusieurs mètres. Et puis parfois une fleur essaie d’exister, un petit champignon à trouvé une solution pour pousser, des lichens arachnéens se sont développés sur des tiges un peu plus rigides.
Des petites boules couleur prune, ressemblant aux prunelles de chez nous, poussent sur un arbuste, ailleurs ce sont des petites boules grenat de la grosseur d’une myrtille. Les touffes de cette plante à feuilles fines, longues et étroites aux milieux desquelles de longues tiges longues, rondes et très fines se terminant par un pic brun sont omniprésentes.
A chaque mouillage nous essayons de partir en exploration mais nous ne pouvons aller bien loin, il ne peut s’agir que de gravir la colline la plus proche afin de prendre une photo. Je reviens épuisé, le bas du pantalon trempé et les habits tachés suite à des chutes impossibles à éviter. Aucun mammifère terrestre ne peut vivre ici.
Les prévisions météo sont bonnes pour demain, aussi nous allons essayer d’avancer un bon coup dans le Détroit de Magellan et pour cela nous allons partir dès le levé du jour.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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