Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 27 Feb 2017 21:30:00 - 53°23S 72°56W
N° 971 - Triste Patagonie



18h30 heure du bord, 21h30 TU et 22h30 en France.
DĂ©troit de Magellan

Bonjour Ă  tous,

La Patagonie c’est aussi de tristes journées, lorsque le bateau est
froid et humide, lorsque le ciel est bas et gris, lorsqu’il pleut et
lorsque l’on remonte le très large Détroit de Magellan.

Avant-hier il a plu presque toute la journée, hier aussi et
aujourd’hui c’est à peu près le même temps. Dans la bateau tout est
humide, ça ruisselle. On a l’impression d’être abandonné au bout du
monde, il n’y a rien, aucun autre bateau et le paysage est d’une
tristesse infinie.

C’est un bonheur d’être passé ici une fois dans sa vie. J’aurais
engrangé énormément de souvenirs mais je ne m’éterniserais pas dans
ces contrées beaucoup trop tristes et inhospitalières à mon goût.

Pour y passer plusieurs années, il faut en être natif, ou s’être fixé
un objectif comme Giorgio et Mariolina qui ont passé 16 ans je crois,
afin de réaliser ce merveilleux guide nautique qu’est « Patagonia &
Tierra Del Fuego ». Ou bien il faut y avoir son travail, comme tous
ces skippers qui y avaient créé une activité de charter.

Mais aujourd’hui c’est terminé, le Chili a décidé d’interdire le
charter dans ses canaux aux bateaux Ă©trangers. Du coup les gars
doivent se reconvertir, partir pour d’autres contrées ou trouver
d’autres solutions. Mais ce n’est pas facile. Ici, avec l’image qu’à
cette région auprès du grand public l’argent était facile.

Pour l’instant je dois dire que le Canal de Beagle et tout le parcours
pour arriver au Magellan Ă©taient beaucoup plus sympa, les paysages
Ă©taient magnifiques et les mouillages somptueux. Et puis le temps y
était infiniment plus beau. Mais nous sommes maintenant de l’autre
côté de la cordillère, du côté Pacifique, du côté où arrivent les
vents d’Ouest qui se sont chargés d’humidité, du côté ou il pleut
beaucoup.

Mais laissons passer cet endroit, je suis persuadé que nous allons
retrouver des sites de rĂŞve dans les petits fjords Ă©troits.

Et puis Ă  15 heures trente, droit devant, un petit bateau de pĂŞcheurs
d’un beau bleu va croiser notre route. Chacun se rapproche, chacun à
sorti les appareils photo. Il s’agit du Talymar. Cela nous procure un
peu d’animation. Nous échangeons des grands signes, chacun se demande
si l’autre va s’arrêter.

Finalement ce ne sont pas de pĂŞcheurs, ils ont sur le pont de nombreux
sacs remplis d’algues qu’ils vont porter à Punta Arenas. Ces algues
vont servir pour faire des crèmes et des cosmétiques pour « les chicas
» (les filles). Nous faisons demi-tour, eux également et nous nous
rapprochons. Quelques mots, beaucoup de sourires et chacun offre ses
cadeaux.

Pour ma part j’ai mis dans un sac une brique de vin rouge, un litre de
bière, un sac de riz et 4 belles pommes. De leur côté ils nous offrent
8 pattes de Centolla et un grand sac contenant ….une cinquantaine
d’oursins de grande taille.

Nico est ravi, il demande un grand seau et une paire de ciseaux puis
il se met immédiatement au travail. Voilà quelques apéritifs assurés.

C’est une grande journée qui se termine, nous nous sommes levés ce
matin Ă  6 heures tapantes et nous devrions arriver vers 19h15 dans la
Caleta Playa Parda après une navigation de plus de 70 Miles.

A bientĂ´t


Jean-Louis


"M..!!!! l'Harmattan a pris un coup de vieux après le Horn et la Patagonie ;)
Bon courage pour la pluie Ă  tou l'Ă©quipage"


Envoyé par Paparazzi le 28-02-2017 à 14:14

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