Journal de bord de l'Harmattan |
Wed, 08 Mars 2017 22:00:00 - 51°44S 72°31W N° 979 - Une sale bobine
19h00 heure du bord, 22h00 TU et 23h00 en France. A Puerto Natales
Bonjour Ă tous,
Quel temps pourri ! Un temps de mois de novembre avec une pluie froide et continuelle, une pluie qui mouille tout, une pluie pas sympa. Nous y avons déjà eu droit hier mais aujourd’hui c’est non stop depuis ce matin avec un vent d’Est inhabituel pour ces régions.
De plus je me retrouve seul à bord, seul après deux mois à trois, deux mois à partager des bons moments avec des copains. Forcément, même si j’adore être en solitaire, il y a une petite période où je dois m’adapter.
Du coup ce n’est pas la grande euphorie mais il y a Jacky et Juliette sur leur dériveur intégral. Ils parlent parfaitement l’Espagnol et ça m’aide. Puis Milo One arrive demain avec son équipage, on a vécu ensemble des bons moments à Ushuaia, j’ai hâte de les revoir.
J’ai passé ma journée d’hier sur le problème du pilote automatique. La panne est vicieuse, sa cause peut être mécanique, hydraulique ou bien électrique. De plus c’est une panne intermittente. Je démonte tout et multiplie les tests. Puis, quand arrive la nuit, je commence à y voir clair si je peux dire.
La bobine de l’électrovanne d’embrayage a un faux contact dans une de ses broches. Celle-ci bouge légèrement et je peux constater avec mon ohmmètre la présence du problème. C’est ennuyeux car à priori pas réparable.
Aussi je lance mon fils Didier sur le coup. Il a l’habitude et ce n’est pas la première fois qu’il doit s’activer afin de trouver une solution à l’un de mes problèmes. Il passe sa matinée sur Internet à la recherche de la pièce correspondante. Par ailleurs je commence à m’informer ici des possibilités qu’il y aurait de remplacer cet élément défectueux.
Ce n’est pas évident car on trouve plein d’électrovannes dans les machines agricoles, dans les engins de travaux public et d’une façon générale dans tous les engins à moteur. D’une part la plupart sont en 24V alors que dans les petits bateaux nous sommes en 12V.
D’autre part le fonctionnement permanent du moteur permet de n’être pas trop regardant sur la consommation électrique de la pièce. Sur un bateau, cette bobine est alimentée tant que le pilote automatique est sur « ON ». Bien que sa puissance soit de seulement 12W cela représente tout de même 24 Ampères sur 24 heures. C’est énorme pour un petit voilier.
Je comprends alors que je ne vais pas trouver une solution rapidement et que je risque de rester planté à Puerto Natales pendant un bon moment. Cet après-midi, je me dis que perdu pour perdu je peux tenter le coup d’essayer de réparer cette bobine.
Le bobinage est noyé dans un gros morceau de bakélite et les bornes également. Muni d’une scie à métaux, j’entreprends de découper avec beaucoup de précision la bakélite au droit de la cosse, côté extérieur. Puis, d’un autre trait de scie je libère un bon morceau de cette résine.
Apparaît alors le pied de la cosse. Celle-ci bouge légèrement dans son logement. Je la nettoie méticuleusement et tente de lui mettre un coup de fer à souder. Miracle, la cosse ne bouge plus et le contact est rétabli.
Je remonte la bobine, mon pilote fonctionne et je suis extrêmement content d’avoir réussi l’impossible. Je pense que cette réparation va tenir jusqu’à ce que je rapporte de France une pièce de remplacement. Il me restera à remonter le pilote une fois le beau temps revenu mais avant je vais en profiter pour lui administrer une bonne purge.
Cet après-midi, avec des rafales à 25 nœuds j’ai dérapé et failli me retrouver dans les bateaux de pêche alors que j’ai mouillé deux ancres. Pas facile, seul, de se sortir de ce pétrin. J’espère que le vent va se calmer un peu car je n’ai pas envi de passer la nuit sur le pont.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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