Journal de bord de l'Harmattan |
Wed, 15 mar 2017 22:00:00 - 50°39S 74°40W N° 982 - Navigation de nuit en Patagonie
19h00 heure du bord, 22h00 TU et 23h00 en France. Canal Innocentes
Bonjour Ă tous,
Les rapides tant redoutés sont au repos ce mardi soir. Grâce aux précieuses informations de Pierre-Yves, nous passons l’Angostura Kirke au moment de l’étale de pleine mer. Pas le moindre petit tourbillon, pas de Whirpools, pas d’Eddies, juste le plaisir de suivre les alignements pour embouquer ce passage difficile.
Mais celui-ci donne accès aux canaux insérés au milieu des hautes montagnes et nous retrouvons immédiatement l’ambiance si particulière que nous avons connue avec Olivier et Nico. Pluie, vent, nuages bas, c’est ici que les canaux de Patagonie ont forgé leur réputation.
Comme nous sommes en forme, que la lune est pleine, que la météo est favorable, que le balisage effectué par l’Armada est excellent et que les canaux à emprunter sont large nous avons décidé de faire une navigation de nuit. Je vous en ai déjà souvent parlé, j’adore les navigations de nuit, c’est plus compliqué. Ce n’est pas une addiction mais presque.
A Puerto Natales j’ai rechargé sur mon téléphone la toute dernière version des cartes marines Navionics pour rejoindre Puerto Montt. Et puis naviguer de nuit dans les canaux c’est assez facile avec le radar. Il délimite clairement chacun des bords, il suffit de naviguer au centre. Par contre la zone de garde indispensable ne peut être activée que dans des canaux assez larges.
J’ai été étonné par le nombre de bateaux rencontrés. Nous n’avons pas croisé de voiliers mais le festival à commencé lorsque nous nous sommes fait rattraper juste après le Kirke par le ferry qui assure la liaison entre Puerto Natales et Puerto Montt. Puis nous avons vu plusieurs petits navires de transport locaux. Ils sont étonnants avec leur passerelle tout à l’avant afin de pouvoir charger par l’arrière grâce à une porte qui s’ouvre comme un ferry.
Mais le clou du spectacle a été de croiser l’énorme, le monstrueux, le mythique Rainbow Warrior lui-même. Quel dommage qu’il fasse nuit et qu’à ce moment la lune soit cachée. Il possède deux énormes mâts bipodes et j’aurais bien aimé pouvoir le contempler de jour et le photographier.
Jacky doit assurer le premier quart. Mais je n’arrive pas à dormir, le sommeil ne vient pas et je reste à l’assister. Vers une heure il rejoint sa couchette et je retrouve l’ambiance des navigations difficiles en solitaire. Un problème de connexion oxydée oblige à réarmer le pilote régulièrement. Je solutionnerais ce problème à la lumière du jour.
En attendant je me lève une soixantaine de fois dans la nuit et dans ce carré où la température ne dépasse pas les dix degrés c’est à chaque fois une épreuve. Toutes les alarmes sont actives et je veille en m’évaporant régulièrement quelques minutes.
Cela ne dure jamais bien longtemps car l’alarme stridente me jette de la bannette sur le plancher glacé. Il faut ensuite arriver à refaire un emplacement douillet et chaud sous le duvet. Malheureusement dès que je me sens bien l’alarme retentie à nouveau.
A quatre heure Jacky vient me remplacer mais je préfère qu’il retourne sous la couette car ce n’est pas une épreuve pour moi, j’aime trop ces moments de navigation intense. Et puis je souhaite qu’il soit en forme au matin si j’ai trop envie de dormir. Après le petit déjeuner, le canal est large, le pilote bien veillant et j’arrive à dormir une heure d’une seule traite. Je suis en pleine forme.
Nous remontons maintenant le canal Sarmiento, les paysages ont beaucoup changés. Il s’agit de moyennes montagnes et d’îles. Nous sommes à l’Ouest de la cordillère et le temps est plutôt clément.
Puis le paquebot de croisière Celibrity Infinity nous dépasse, puis c’est un gros vraquier, puis c’est le ferry de Navimag. En fait nous sommes sur une véritable autoroute, je voulais visiter un coin sauvage, ce n’est pas gagné.
A 18 heures, après le passage de l’angostura Guia nous nous rapprochons de Milo One et étudions ensemble les options qui s’offrent à nous. La météo prévoit un bon coup de Nord demain. Aussi nous décidons de faire route cette nuit malgré le vent qui va se renforcer un peu afin d’éviter d’être bloqués ici plusieurs jours.
Ce soir 146 Miles depuis Puerto Natales
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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