Journal de bord de l'Harmattan |
Sun, 19 mar 2017 22:00:00 - 49°08S 74°26W N° 986 - Puerto Eden
19h00 heure du bord, 22h00 TU et 23h00 en France. Puerto Eden
Bonjour Ă tous,
Puerto Eden est véritablement un petit village de bout du monde. Comment des humains peuvent-ils continuer à vivre ici ? Il n’y a rien, absolument rien.
Avant la Marea Roja, la Marée Rouge, on vivait ici essentiellement du commerce des moules géantes. La population avoisinait alors les 300 habitants. Mais en 1972 tous les mollusques bivalves ont été atteints par une algue microscopique, un phytoplancton qui, une fois ingéré, provoque la mort par paralysie respiratoire en moins de 24 heures.
Aujourd’hui la population a été réduite de moitié et l’école du village n’est fréquentée que par 9 enfants. Pour que vous compreniez bien, il faut avant tout situer géographiquement l’endroit.
Puerto Eden se trouve en plein milieu des canaux de Patagonie, les localités les plus proches sont à environ 500 kilomètres au Sud par les canaux la ville de Puerto Natales (dont dépend administrativement le village). Puis, environ à la même distance par les canaux et le golfe de Penas, le gros bourg de Puerto Aguirre.
Un poste de l’Armada est installé un peu en dehors du village. Les militaires y sont mutés pour deux ans. Il va sans dire que les derniers mois sont extrêmement difficiles tant ils attendent la délivrance du retour à Valparaiso.
Il n’y a ni route ni chemin, donc aucun engin terrestre pour se déplacer. Par contre on peut voir beaucoup de barques de pêche. Le village s’étend sur le littoral fortement découpé d’une petite péninsule de l’île Wellington. La seule voie de communication est un chemin en planches de bois et pilotis qui longe la mer et les habitations sur environ 1,5 kilomètre.
Il n’y a pas réellement de maisons mais des baraques en tôles ou en bois. Un terminal de ferry a été installé récemment et une « agence de voyage » vend des billets pour Puerto Natales. Mais à qui vend-elle ses billets ? Il y a une poste, l’Armada, les Carabiniers, une école, une construction qui fait lieu de culte, 3 petits magasins de quelques mètres carrées chacun baptisés pompeusement « Supermercado ».
Une cabane au centre du village est assez bruyante, c’est le groupe électrogène qui fourni l’électricité à toute la population. Mais les Carabinier ainsi que l’Armada ont leur propre groupe. Un autre groupe sur la colline permet d’alimenter des antennes. On est ici connecté au monde et à Internet par GSM mais également par le WIFI dont l’antenne se trouve dans l’école.
Le groupe du village est coupé (et donc le wifi également) entre midi et 17h ainsi que la nuit. Collège et lycée étant bien sûr inexistants, il n’y a pas d’adolescents en dehors des périodes de vacances. J’ai aperçu deux ou trois jeunes enfants mais il faut bien reconnaître que la vie ici n’est pas très gaie. Seule une gamine faisait du roller sur la dalle du terminal de ferry.
En arrivant hier nous avons retrouvé nos amis de Milo One, Yvan (le terrible), Sabrina, Oscar, Clémence et Aymeric. Nous reprenons la mer demain matin ensemble pour aller voir le Glacier Iceberg qui se trouve sur la route de Puerto Aguirre, notre prochaine étape.
Encore une fois il faut noter que sur trois voiliers en escale à Puerto Eden, trois sont Français !
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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