Journal de bord de l'Harmattan
Vendredi 21 juin 2024, à 16 h TU, 18 h en France, 18 heures en Norvège. - A bord du Trollfjord, latitude 75°32’ N - longitude 16°48’ E
N° 1375 - Un copieux solstice d’étĂ©



Bonsoir Ă  tous,

Pour un solstice d’été nous sommes gâtés. C’est le jour le plus long de l’année, pour nous ce jour va durer plus d’une semaine. Nous ne reverrons la nuit que lorsque nous repasserons en dessous du cercle polaire.

En attendant, nous naviguons entre le Cap Nord et le Spitzberg. Nous devrions atteindre Longyearbyen demain vers 13 heures. Hier soir on nous a annoncé des vagues de 7 mètres sur la traversée. J’ai été très étonné, car les prévisions météo n’annonçaient qu’un petit force 7 avec des vagues de seulement 3,5 mètres et c’est bien ce que nous avons eu.

Lorsque je parle de mes aventures, une question revient immanquablement : « Avez-vous rencontré des tempêtes ? ». A chaque fois je suis gêné pour répondre, la personne aimerait bien que je lui raconte des situations effroyables. Le concept de tempête implique de la peur ce qui ne m’est jamais vraiment arrivé. J’ai vécu des moments qui m’ont impressionné avec du très gros temps. J’ai vu la mer toute blanche d’écume avec de longues trainées et de très grosses lames qui déferlent, mais j’ai du mal à qualifier cela de tempête. Je pense que le niveau de gros temps à partir duquel le terme tempête s’applique est propre à chacun.

Ce matin la mer était belle avec ce force 7. J’ai passé des heures à la regarder, j’aime tellement la voir respirer ainsi. Je ne m’en lasserais jamais. Nous sommes maintenant dans l’océan glacial arctique et les oiseaux sont apparus. Le bateau en est entouré en permanence. Des mouettes tridactyles planent juste derrière notre balcon. J’adore ce blanc si pur qui fait contraste avec ces bouts d’aile et ces pattes d’un noir parfait.

Comme le bateau bouge un peu, la progression dans les coursives est difficile, nous allons d’un bord à l’autre comme si nous étions bourrés. Lorsqu’on croise un autre passager, on se sourit comme entre copains de beuverie.

Ce midi nous avons longé l’île aux ours. C’est un gros caillou de 20 km par 15 km. Sa population n’est que de 10 habitants, membres d’une station météorologique. D’ours il n’y en a point, seul un a été aperçu lors de la découverte de l’île et je crois même qu’il a été tué.

Je ne peux pas m’empêcher de vous parler de ce petit miracle. Cet après-midi je sors sur notre balcon pour prendre des photos. Nous sommes très abrités du vent, mais je vais tout au bout pour regarder vers l’avant et là ça souffle. Immédiatement ma casquette est arrachée et s’envole. Je suis extrêmement triste, car j’adore cette casquette, j’aime sa couleur et surtout sa coupe. Je la porte en permanence depuis plusieurs années.

Francine me propose d’aller en acheter une à la boutique du bord. J’en prends une rouge, mais je n’aime pas la coupe avec cette visière trop longue. Je propose alors à Francine de marcher un peu. En effet des coursives extérieures permettent sur le pont 6 de faire le tour du bateau. En arrivant à l’arrière, nous avons la surprise de retrouver ma casquette que les vents ont ramenée sur le bateau. J’en pleurerai, qu’ai-je fait de bien pour mériter cela ?

En milieu d’après-midi nous avons eu une conférence obligatoire pour guider notre conduite lorsque nous serons à Ny-Alesund, notre escale la plus au nord de notre voyage, au Spitzberg. C’est le pays des ours blancs. Il faut rester dans le village, pour en sortir, il faut être accompagné par un homme armé. La semaine dernière un ours est venu faire un tour dans le village. Si cela arrive, on doit se précipiter dans le premier abri que l’on peut trouver.

A bientĂ´t
Jean-Louis
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