Journal de bord de l'Harmattan |
Sun, 11 Sept 2011 13:30:00 - 80° 49’E 3° 34’N N° 354 - Première nuit en mer
15H30 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
Hé bien, elle est enfin partie, cette grande croisière. C’est même parti très fort. Harmattan n’en pouvait plus d’être à quai, dès la sortie du port, il a commencé à se défouler dans la grosse houle venue du large.
Je ne me souvenais plus combien c’est bon de me retrouver seul en pleine mer avec mon bateau. Quel plaisir immense ! Arriver à maîtriser toute cette puissance pour en obtenir le meilleur quand les conditions sont difficiles, c’est encore une fois la passion de réussir.
Cela me rappel mon époque cheval, lorsque je sortais Feu Follet du box et qu’il n’avait qu’une idée, se libérer de toute cette puissance qu’il avait accumulé en restant passif. Lorsque je montais sur son dos, il dansait sur place, et lorsque j’arrivais en vue d’un champ en chaume, il n’en pouvait plus. Ce qui me fascinait alors, c’est d’arriver à contenir toute cette énergie uniquement avec la pression de mes deux petits doigts sur les rennes. Et lorsque je le libérais, Feu Follet partait dans un galop effréné, véritablement ventre à terre, jusqu’à ce qu’il se décharge de toute cette énergie en trop.
Je ressens un peu la même chose avec mon bateau. Je suis toujours impressionné d’arriver à maîtriser cette puissance énorme, cet équilibre, entre les 17 tonnes de mon bateau et les forces des éléments déchaînés.
En partant, j’ai subit une grosse houle de face jusqu’à quitter le plateau continental, une heure et demi après mon départ. Le vent est sud ouest, entre force 4 et 5, je suis donc au près et c’est une allure pas confortable. Le bateau danse en permanence et avec la dérive, je ne fais pas mieux que du sud, sud est. La première nuit à été mouvementée car j’ai dû gérer tout le trafic maritime dont la route passe par le sud de l’Inde et le sud du Sri Lanka ainsi que des orages continuels. J’ai très peu dormi mais je ne m’inquiète pas, en croisière solitaire, il n’y a plus de jours ni de nuits, je dors quand je peux, à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. J’arrive ainsi à dormir une heure par ci, une heure par là et ce n’est pas un problème pour moi.
Il faut gérer chaque orage. Je suis avec ma grand voile à deux ris. Pour le génois, c’est un peu plus compliqué car le vent est variable en force. Parfois je le porte en entier, parfois dans la journée et toujours la nuit, je prends un ris. Quand l’orage arrive (je suis alerté par la zone de garde de mon radar), je monte dans le cockpit et j’attends que le vent commence à monter. Lorsque le passe-avant est sous l’eau en permanence, je soulage en libérant un peu d’écoute de génois puis je suis le vent qui tourne grâce à la molette qui commande le pilote automatique. Dès que le ciel ouvre les vannes de la pluie, je commence à reprendre de l’écoute de génois en suivant progressivement la rotation inverse du vent.
Globalement, voici comment la situation météo se présente : A la latitude de Galle, le vent est de sud ouest force 4, je descends donc sud sud est. Plus je vais me rapprocher de l’équateur, plus le vent va tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pour être plein sud sur l’équateur en faiblissant force 3. Puis il continue son mouvement de rotation au fur et à mesure que l’on monte dans les latitudes sud (en fait on continue à descendre dans le sud pour nous, gens du nord). Il finit plein ouest vers le sixième degré de latitude sud, force 4 actuellement.
Pour aller directement sur La Réunion, il faudrait faire une route sud sud ouest. Mais avec ce schéma de vent, je pars au près tribord amure, avec la dérive je fais donc une route sud est, et il va falloir calculer précisément le moment où je dois changer d’amure pour repartir sud ouest au départ puis sud sud ouest ensuite à mesure que le vent va tourner.
Mon bateau est sale et du coup tout est sale à bord, y compris le capitaine. Ce n’est pas agréable. C’est quand même incroyable que dans le port de Galle on ne puisse disposer d’un robinet pour brancher un tuyau et laver son bateau. Ce port est vraiment à rayer de la liste des escales sympas.
Au niveau climat c’est équatorial, extrêmement humide et chaud, tout colle, tout poisse, tout est trempé, tout dégouline. Les médicaments collent dans leur boîte. Dans deux jours je franchirais pour la troisième fois l’équateur. Je ne pense pas que la fête soit nécessaire car je n’ai pas de bizut à bord, mais aurais je droit à un titre supplémentaire ? J’ai hâte car pour moi cela va être une délivrance, fini ce près désagréable et bonjour l’agrément des vents portants.
La mer est très poissonneuse ici, ce matin j’ai vu deux très beaux thons effectuer un saut synchronisé. Ils faisaient bien dans les un mètre cinquante.
Sur les dernières 24h, 135 Miles de parcouru et 152 depuis Galle. Je remercie vivement tous ceux qui m’envoient des petits mails.
A bientĂ´t
Jean Louis |
"Bonsoir Amiral, heureux de vous savoir en mer. Je défie qui n'a pas fait de voile de comprendre un traitre mot de votre message de ce jour. Bon vent. Amitiés. GD"
Envoyé par gd le 12-09-2011 à 21:04
"Depuis ce matin je lisais tous les évènements que j'avais laissé depuis votre retour à Cormeilles. Il est 13h32 et je viens de rattraper le retard un vrai conte d'aventures, d'angoisse de surprise et de rêve. Me voici enfin prête pour poursuivre la traversée. Bon vent bisous Maryse"
Envoyé par MARIE Maryse le 13-09-2011 à 13:42
"mon cher jean louis enfin je vous retrouve je suis rentrée chez moi ce matin mardi 13 septembre je marche mieux j'ai encore des progrés à faire ce qui me tue ce sont les dialyses malgré les ennuis vous etes heureux sur harmattan qui a interet a bien se tenir aprés ce sera le paradis avec francine vacances dans ile superbe de la reunion tous les jours je suis en union de pensées avec vous gros bisous roselyned"
Envoyé par demeestereroselune le 13-09-2011 à 16:32
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