Journal de bord de l'Harmattan |
Tue, 01 Nov 2011 16:00:00 - 38° 18’E 27° 59’S N° 388 - Ciel noir, nuit blanche
17H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
Il est 19H30 hier au soir, je sors dans le cockpit et comprends tout de suite qu’il va se passer quelque chose. Il fait nuit mais je distingue malgré tout un ciel noir d’encre sur les 360 degrés de l’horizon. Des éclairs illuminent l’endroit où la mer et le ciel se rejoignent.
Le vent souffle bien et le bateau file au dessus de 7N. Il faut que je prenne de toute urgence les mesures de réduction de voilure à l’approche des orages. A ce moment, ce faux frère de pilote automatique, qui s’est bien comporté depuis deux jours, décide de coincer la bulle (d’où l’expression) et se met en faute.
Je reprends la main, le remets sur la route et le réenclenche. Trente secondes plus tard, il se remet en faute. Après plusieurs tentatives, je constate qu’il ne fonctionne que dans un sens, il semble bloqué dans l’autre. Très mauvaise nouvelle, je suis à 450 Miles du premier abri ! Je me mets à la barre mais le reste doit être fait également. Tout d’un coup, le vent cesse brutalement, le bateau se redresse et les voiles pendent. Vite, il faut descendre ouvrir la vanne gasoil, mettre le moteur en marche pour rester manœuvrant, allumer les feux de pont, enrouler le génois, prendre deux ris dans la grand voile, border les bômes de grand voile et d’artimon pour les amener dans l’axe du bateau. Tout cela en courant et en revenant sans cesse à la barre corriger l’angle du bateau.
Ouf ! C’est fait. Je m’assoie dans le siège de barre et décompresse un peu. Grand spectacle, ce n’est pas un grain comme sur l’équateur après mon départ du Sri Lanka. C’est un énorme orage avec cette fois de la foudre et du tonnerre mais beaucoup moins d’eau et surtout pas ces énormes bourrasques de vent.
Cela dure la moitié de la nuit. A la barre, je me sens comme on dit « mal barré ». Au bout d’une heure, je refais une tentative de réarmement du pilote et miracle, il est revenu à de meilleurs sentiments et fonctionne à nouveau. Je ne suis tout de même pas tranquille et comme je ne peux mettre en marche l’alarme du fait des orages, je veille.
A 1h30, le vent tombe et je mets le moteur Ă 1000 tours minutes pour poursuivre lentement la route.
Vers trois heures, je vois au loin une lumière bizarre. Sur l’écran radar c’est un petit écho immobile. Je suis un peu inquiet, il n’y a normalement pas de pirates si bas. J’arrive droit dessus pour m’apercevoir que c’est un petit cargo qui a mis en panne au milieu de l’océan. Lorsque je ne suis plus très loin il allume ses feux et les éteins après mon passage.
Puis, vers 5h, le vent repart de sud ouest et toute la journée c’est une cavalcade au près dans des conditions pas très confortables et même carrément épuisante.
Je m’arrête là pour aujourd’hui car rester à la table à carte est très fatigant, je n’ai qu’une hâte, aller m’allonger un peu. Je suis malgré tout très satisfait car le bateau marche bien et l’arrivée se rapproche.
Ce matin je me suis fait ma piqure mensuelle d’EPO, cette hormone que mes reins ne fabriquent plus. Est-ce-que, comme pour les cyclistes, cela va permettre à mon bateau de marcher plus vite ? En tout cas, je l’espère.
Ce soir nous avons parcourut 108 Miles mais un peu plus en distance utile, et sommes Ă 330 miles de Richards Bay, le premier abri. 1049 Miles depuis La RĂ©union. A bientĂ´t.
Jean Louis |
"salut capitaine, Encore un petit coup de chaleur... heureusement que tu aimes les émotions fortes, la navigation en atlantique va te paraitre bien fade quand tu seras au large du croisic!!! Fais gaffe quand même à tes vieux os quand tu es à la manoeuvre un col du fémur en mer c'est difficilement réparable (surtout au large de madagascar) Allez courage le plus dur est fait encore qq miles et tu verras l'entrée du port de durban.
bonne nuit
bernard"
Envoyé par bernardlannion le 02-11-2011 à 16:59
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