Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 21 Jan 2012 17:00:00 - 30° 47’E 30° 26’S N° 414 - Les jours se suivent …
18H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
Les jours se suivent … mais ne se ressemblent pas. Comme dirait mon copain Jacky, je suis parti comme un lion et je suis revenu comme un couillon.
Hier au soir, comme prévu, ce superbe vent force 5 à 6 qui me poussait Sud Sud Ouest a commencé à faiblir. Au lieu de foncer entre 11 et 12 nœuds, ce n’était plus que 9 à 10. C’était encore très acceptable. Malheureusement, il a continué à faiblir et, beaucoup plus embêtant, le tapis roulant sur lequel je surfais est tombé en panne avant de repartir …. en marche arrière !!! Du coup ma vitesse a fini par tomber en dessous de cinq nœuds.
Etant proche des côtes et dans une zone très fréquentée, il n’est pas question de faire une nuit de douze heures d’affilé, j’ai très peu dormi et toutes les demi heures j’ai fait un point comprenant un tour dans le cockpit avec une observation de la mer sur 360 degrés.
Puis, vers 7 heures, ce matin, la renverse à lieu et j’ai le vent en plein dans le nez. Pas très fort, mais tout de même Harmattan doit lutter contre le courant et contre le vent. Nous n’avançons plus et je suis contraint de donner un peu plus de puissance au moteur pour ne pas bouchonner sur place.
Tout va bien, et à 8 heures l’alarme de mon téléphone portable retentit pour me préciser qu’il est l’heure de prendre mes médicaments antirejet. J’obtempère avant de mettre la table pour le petit déjeuner. En plein milieu de celui-ci, tout d’un coup, l’ambiance du bord se fracasse lorsque le gentil ronronnement du moteur change de rythme en ralentissant. Cela me rappelle un très mauvais souvenir, je gicle dans le cockpit et réduit les gaz. Le moteur continue alors à tourner normalement au ralenti. Je n’ai pas besoin de dessin, maintenant je connais le scénario et je tourne immédiatement la clef de contact. Le moteur s’arrête.
Quelle catastrophe, j’ai tout contre moi, le vent, le courant et maintenant le moteur. Je suis planté là , dans un endroit où il ne faudrait pas trop traîner. Je n’ai plus qu’à changer mes filtres et pratiquer une purge complète du circuit d’alimentation. Je m’y colle, ce n’est pas une partie de plaisir. Le bateau bouchonne durement dans les vagues et dans la salle machine il fait une soixantaine de degrés.
Après une heure et demie d’efforts, le moteur redémarre. Je suis à 80 Miles au sud de Durban et à 170 Miles au nord d’East London, le premier abri sur la route. Je n’ai pas besoin de réfléchir longuement, le courant porte au nord, le vent vient du sud. Je regarde à nouveau les prévisions météo, les vents entre ma position et Durban vont être très légers dans les jours à venir et majoritairement portants. Je dois retourner à Durban.
Du fait de ce courant des Aiguilles qui peut s’inverser, donnée à laquelle je ne m’attendais pas, il faut absolument que je parte de Durban avec des vents portants sur toute la route de façon à pouvoir me passer totalement du moteur.
Du moteur, parlons-en ! Mon ami Richard le Camarguais m’a dit que l’on pouvait recycler les filtres en les nettoyants bien à l’essence. Heureusement, j’ai une nourrice de 10 litres pour mon moteur hors bord. Je m’y attèle et comprends immédiatement que c’est le filtre se trouvant sur le moteur qui s’est bouché. Le pré filtre est sale mais ce n’est pas lui la cause de la panne. Le problème vient de l’antibactérien que j’ai mélangé au gasoil. Il a fait son œuvre en tuant les bactéries mais leurs cadavres sont toujours dans le gasoil. Le pré filtre stop les grosses particules mais dans le filtre du moteur, il y a plein de particules très fines, comme des poussières. C’est marron, j’imagine que ce sont feu les bactéries.
Cela se lave très bien à l’essence et je pense que je dois approvisionner quelques filtre et très régulièrement dans un premier temps, changer uniquement le filtre moteur et vider le bac décanteur du pré-filtre.
Je vais arriver à Durban au milieu de la nuit si tout se passe bien. Un énorme problème, il n’y a plus de fenêtre météo pour repartir dans la limite des prévisions actuelles (7 jours) !! Plus exactement il y a des possibilités mais il faut envisager de faire toute la route au moteur. Pour cela il faut pouvoir compter dessus ou bien s’être préparé mentalement à effectuer quelques réparations en mer. Je crois qu’il faut que je travail ce point.
Aujourd’hui, 160 Miles pour rien, c’est la vie !
A bientĂ´t
Jean Louis |
|
© 2009-2024 Jean Louis Clémendot |