Journal de bord de l'Harmattan |
Fri, 19 Jul 2013 15:00:00 - 37°44’N 23°25’E N° 637 - Toujours et encore Ă Egine
18H00 heure du bord, 17h en France.
Kalimera,
Que c’est bon de pouvoir flemmarder. Lors de mon tour du monde je n’ai pas pu faire beaucoup de tourisme, tout du moins pendant toute la période où j’étais dialysé, c’est-à -dire d’octobre 2009 à avril 2011, de Marseille au Sri Lanka. C’était une volonté de ma part, j’aurais aimé faire la totalité du tour du monde en étant dialysé, c’était un challenge. Et puis j’étais obligé de prévoir très à l’avance la livraison des poches, de ce fait il y avait peu de place pour l’improvisation.
Aussi maintenant, grâce à ma greffe de rein, j’en profite, tous les gens que je rencontre me demandent mon programme, je n’en ai pas ! Je vis ma vie, je vis au jour le jour. Je ne peux même pas dire que je vais là où le vent me pousse car il souffle mais mon ancre reste toujours crochée au fond du port d’Egine et demain cela fera une semaine que je suis ici.
Je fais un peu de technique sur le bateau, c’est le côté positif d’un bateau, on ne peut pas s’ennuyer car il y a toujours quelque chose à entretenir ou à réparer. Depuis hier matin je suis sur ma souillarde. Les vieux bateaux sont ainsi faits, il y a « une souillarde » alors que sur les bateaux d’aujourd’hui il n’y a que « des fonds ». La souillarde est un genre de réservoir (environ 200 litres sur Harmattan) qui se trouve dans la quille, au point le plus bas. Ce réservoir récupère toutes les eaux usées, aujourd’hui on dirait « les eaux grises », lavabos, douches, évier, machine à laver, parfois eau de mer dans le mauvais temps.
Lorsque j’ai reconstruit le bateau, j’ai refais la souillarde, je l’ai entièrement stratifié à l’époxy puis j’ai construit une cassette extractible comportant une pompe électrique, une pompe à main, une jauge, un contact « souillarde vide », un contact « souillarde pleine » et un contact pour rendre la pompe automatique. Je n’avais pas pensé qu’avec le temps la souillarde se remplirait d’une espèce de boue graisseuse et puante qui neutralise tout.
Aussi, comme ma pompe électrique ne fonctionnait plus (je dois la changer environ tous les trois ans), j’ai sorti la cassette et j’ai simplifié, il n’y a plus que la pompe électrique et la pompe manuelle. J’ai retiré tous les contacts et la jauge. J’ai acheté une pompe électrique neuve. Encore une fois j’ai été très surpris de la différence de prix par rapport à la France. Je l’ai payé 50€, en France je l’aurai payé 150€ ! Et puis j’ai totalement nettoyé la souillarde. Quel boulot sale et pas agréable !
Je passe également beaucoup de temps à regarder le manège des ferries et des hydrofoils. C’est incroyable, je pense qu’il y a au moins une centaine de mouvements par jours, parfois il y a deux, voir trois ferries en même temps à quai. Et pourtant ils vont très vite, certains, pourtant énormes, ne restent pas plus de cinq minutes à quai. Les plus performants ne jettent plus les ancres et ne s’amarrent même plus. Je pense qu’ils doivent être stabilisés par GPS.
Malgré tout je vais certainement reprendre la mer demain, peut-être aller sur Poros puis sur Hydra avant d’aller me promener dans les Cyclades puis dans le Dodécanèse.
A bientôt, Kalispéra.
Jean-Louis |
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