Journal de bord de l'Harmattan
São Francisco do Sul - 26°11 S 48°25 W
N° 858 - SĂŁo Francisco do Sul



19h00 heure du bord, 21hTU et 22h00 en France.


Bonjour Ă  tous,

Je remets donc en marche ce lundi 15 Ă  18 heures afin de profiter du
courant de marée qui vient de s’inverser pour me conduire jusqu’à
l’estuaire. Comme à Santos je laisse dans mon dos, accrochés sur les
hauteurs derrière Paranaguá de lourds nuages d’orage alors que devant
moi, au large c’est grand bleu.

Malheureusement, comme prévu les vents contraires au courant de marée
m’empêchent de sortir et je dois mouiller pour la nuit dans
l’embouchure. C’est une nuit d’orages avec des trombes d’eau, on
pourrait se croire sous les tropiques.

Au matin plus de vent, je profite de la marée pour sortir. J’ai une
inquiétude, mon moteur fume de plus en plus. Déjà avant d’arriver à
Paranaguá j’avais remarquĂ© un peu de fumĂ©e blanche. J’avais
immédiatement contrôlé que l’eau de refroidissement sortait bien à
l’échappement et Ă  Paranaguá j’avais contrĂ´lĂ© mon huile et mon eau.

Mais ce matin il fume beaucoup plus. J’appelle immédiatement mon ami
Richard. Je lui explique : « T’as un injecteur qui pisse !». Cela me
semble cohérent avec les différents symptômes que j’ai remarqués. Je
commence Ă  prendre mes dispositions afin de me diriger vers un port oĂą
je vais pouvoir les faire tarer.

Tout d’un coup l’alarme « moteur » hurle, je sors comme une fusée,
réduit et constate que c’est l’alarme « moteur chaud » qui s’est
déclenchée. Je coupe immédiatement le contact, mon petit déjeuner
attendra il faut réparer pour remettre en marche.

C’est l’impeller, cette petite roue à aubes qui pompe l’eau de mer
pour refroidir le moteur. Normalement il faudrait la changer
périodiquement mais je suis un peu radin et cela me gène de la changer
alors qu’elle est encore bonne. Ce n’est pas malin car dans certaines
circonstances un moteur qui tombe en panne peut générer une situation
catastrophique.

Il n’y a pas de vent et Harmattan dérive au grès du courant au milieu
de cette centaine de cargos en attente. Il faut que je répare
rapidement. J’ai toujours un impeller neuf prêts à être installé.
Enfermé dans la salle machine où il fait une chaleur énorme l’alarme
s’étant déclenchée au dessus de 100 degrés, avec le bateau qui roule
bord sur bord malmené par la houle il faut être amariné pour ne pas
choper un mal de mer. Les huit petites vis de la pompe me brulent les
doigts. Trois quart d’heure plus tard je remets en route, miracle le
moteur ne fume plus. C’est une bonne journée qui débute.

Le pilote en fait de moins en moins me contraignant Ă  prendre le
relais. J’ai horreur de barrer. Ce qui me va bien c’est de contrôler
un automatisme qui fait le travail mais faire le travail moi-mĂŞme
n’est pas mon truc.

Je longe maintenant l’état de Santa Catarina et je vais passer au
large de São Francisco do Sul. C’est une grande île mais également la
deuxième ville de l’état après Florianopolis. C’est un état
extrêmement Européen car peuplé d’Allemands et d’Italiens qui y
émigrèrent au XIXème siècle.

Je vais essayer de longer la terre d’assez près pour vous envoyer ce
message. Non pas avec un lance-pierres comme le faisait Moitessier
mais grâce à mon téléphone GSM.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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