Journal de bord de l'Harmattan
Wed, 17 Feb 2016 21:00:00 - 27°53 S 48°36 W
N° 859 - Grosses chaleurs

19h00 heure du bord, 21hTU et 22h00 en France.


Bonjour Ă  tous,

En mer il n’y a pas de place pour les négligences, il faut être
parfait à tout moment sinon l’erreur peut se payer très vite et très
chère. Voici deux aventures de la nuit, deux grosses chaleurs.

Hier au soir je viens d’envoyer mon billet du soir, je rentre
maintenant dans un véritable champ de cargos et de pétroliers à
l’ancre devant le port de São Francisco do Sul. Au milieu de tous ces
échos si forts et si près mon radar sature, l’écran est tout blanc et
je suis obligé de réduire le gain d’une façon importante, manip
extrĂŞmement rare.

Au moment de sortir de cette aire de stationnement j’observe un
pétrolier en train de transvaser son chargement. Un oléoduc relie sous
la mer une énorme bouée orange (20 mètres de diamètre) à la terre. Un
énorme tuyau relie l’avant du pétrolier à cette bouée.
A environ 300 mètres sur l’arrière du pétrolier est stationné un
remorqueur de taille moyenne, orange Ă©galement. Que fait-il lĂ  ? Ma
route passe droit entre les deux.

La nuit va bientôt tomber et je décide de faire un tour d’inspection
sur le pont. Il fait bon, je suis bien. Tout d’un coup je n’en croie
pas mes yeux, je regarde mieux, une remorque de 300 cent mètres de
long relie l’arrière du pétrolier au remorqueur qui tire pour garder
le tout en tension !

Que ce serait-il passé si je n’étais pas sorti, si j’étais passé de
nuit, ou bien sous l’orage qui a éclaté peu après ? Au minimum un mât
sur le pont. Grosse chaleur rétrospective. Cela me travail, je
n’arrête pas d’y penser.

La nuit est maintenant tombée, sur mon avant tribord il y a plusieurs
lumières. Je me penche sur le radar pour voir de quoi il retourne.
RIEN ! Radar totalement noir ! Merde, il est de connivence avec le
pilote et il vient de me lâcher lui aussi. Je sors sur le pont, pour
l’instant pas d’urgence, je continue à voir ce chalutier sur mon
tribord, il remonte parallèlement à moi à quelques centaines de mètres
de distance.

Je redescends me pencher sur le radar, je le coupe mais il faut
attendre une minute, le temps que l’antenne se refroidisse en tournant
avant qu’il soit totalement éteint. Je le remets en marche, maintenant
il faut attendre une minute pour que cette foutue antenne monte en
température. Radar toujours noir, je vais dans les paramétrages, les
minutes s’égrènent …

Finalement je fini par comprendre que j’ai baissé le gain au milieu
des cargos et qu’avec ce pétrolier en train de décharger j’ai oublié
de le remonter. Je tourne le bouton et miracle mon radar reprend vie.
C’est à ce moment que mon cœur fait un bond, juste derrière le hublot
de la table à cartes, tous prés, peut être une trentaine de mètres,
d’énormes lumières blanches.

Je bondis dans le cockpit comme le diable poussé de sa boite par le
ressort hélicoïdale. J’ai les yeux écarquillés, c’est mon chalutier,
il est Ă©norme, lĂ , sur moi, Ă  mon tribord avant. Impossible de savoir
où est son avant, son arrière, dans quel sens il se déplace, mon
instinct me fait couper le pilote et donner un Ă©norme coup de barre
sur bâbord, les voiles claques, je suis face au vent. J’envoie le
moteur à fond, très, très lentement les deux bateaux s’éloignent l’un
de l’autre. Quelle chaleur !

Je dois dire que mon feu tricolore de tête de mât est tombé à nouveau
en panne juste avant que je n’arrive Ă  Paranaguá. J’aurais dĂ»
solutionner cela mais je n’ai pas eu le temps. Je sais que c’est une
très mauvaise excuse, on a toujours le temps de faire les choses
importantes mais j’ai pensé aux cargos, pas aux chalutiers.

J’avais tout de même mon feux de mouillage en tête de mât, mon feux de
hune, mon écho radar, ma signature AIS. Le problème est que les
chalutiers, même très gros n’ont pas d’AIS et qu’ils n’utilisent pas
leur radar.

Jusqu’à 2 heures du matin je dois barrer car les 18N de vent son trop
pour mon pilote affaibli. Ensuite le vent tombe et c’est moteur. A 3
heures je passe au large d’Itajai. Je ferais bien un stop mais je
pense que tous les bateaux de la transat Jacques Vabres sont repartis.

Il est 19 heures maintenant, je viens juste de jeter l’ancre dans
l’Enseada da Pinheira à la pointe sud de l’ilha Santa Catarina qui
porte la ville principale de l’état Ă©ponyme, Florianópolis. Un peu
avant, lorsque j’ai affalé la grand voile la drosse qui étarque la
bordure en bout de bôme a lâchée, encore du boulot pour demain.

Pour l’instant je vais me jeter dans ma couchette, je suis épuisé.

A bientĂ´t


Jean-Louis


"Salut Capitaine
Quel régal ,tes aventures ,tes emmerdes comme tu dirais "que du bonheur" aujourd'hui je sais pourquoi je n'ai pas franchi le pas d'acheter un bateau tu m'as vacciné .Bravo pour les photos on participe plus c'est sympa a+ alain"


Envoyé par ALAIN le 18-02-2016 à 16:53

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