Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 11 Mars 2016 21:00:00 - 34°53 S 55°17 W
N° 871 - Tous Ă©gaux ?



19h00 heure du bord, 21hTU et 22h en France.


Bonjour Ă  tous,

Depuis quelques dizaines d’années notre civilisation est sur une pente
descendante. La pensée politiquement correcte est que tous les humains
sont égaux alors que factuellement rien n’est plus inexacte d’une part
et d’autre part c’est en laissant se cultiver les différences qu’une
civilisation va de l’avant.

Tout gamin, lorsque j’étais à l’école primaire ma maîtresse m’a
enseigné que l’humanité était composée de différentes races.
Aujourd’hui ce mot est devenu un « gros mot », quelle ânerie ! Comment
peut-on penser qu’en supprimant le mot race on va supprimer le
racisme. Nous avons tous les mĂŞmes droits, cela ne veux pas dire que
nous sommes Ă©gaux.

Au contraire nous sommes tous différents et c’est une énorme chance.
Chacun a reçu à la naissance une dotation composée de points forts et
de points faibles. Il s’agit du physique, on est grand, on est petit,
on est musclé ou pas, on a des longues jambes permettant de courir
vite ou pas, on est trapu ou bien élancé, on est habile ou pas …

Dans cette dotation il y a également les capacités intellectuelles. On
est doué pour les langues ou pas, on aime les chiffres, on a de la
logique ou bien pas trop, on a un grand pouvoir d’analyse, on est
hypersensible, on a la fibre artistique, on est capable de beaucoup de
concentration, on percute rapidement ou bien on va tout au fond des
chose mais avec du temps, on est astucieux, on est technique ….

Par contre l’énergie, la niaque, l’ambition, la volonté, le besoin de
toujours aller plus loin fait-il partie de la dotation initiale ou
bien est-ce un acquis ? C’est sûr, certains sont indolent et
nonchalant alors que d’autre son hyperactifs.

Finalement l’important est de se connaître parfaitement et de
s’appuyer sur ses points forts pour avancer en essayant de trouver des
voies dans lesquelles nos points faibles ne nous gĂŞnent pas trop.

Pour ma part je ne peux que remercier la nature pour la dotation que
j’ai reçue. Je suis imperméable aux langues, je n’ai pas trop de
muscles, j’ai énormément de mal avec certaines formes d’art mais je
suis astucieux, j’adore l’analyse, les chiffres sont comme une drogue
pour moi, tout ce qui est technique est innée et surtout j’ai une soif
de vivre inépuisable et j’adore me donner des défis à relever.

Harmattan est un grand bateau et je suis en train de le désarmer. Il
faut entre autre hisser les voiles en les lavant à l’eau douce puis
les laisser sécher. Ensuite il faut les transférer sur le quai pour
les plier. Quel boulot tout seul avec des voiles si grandes ! Mon
génois fait 65 m² et environ 60 Kg. Le tissus est enduit et a la
consistance du carton.

En fait j’adore le challenge que représente le fait d’arriver à tout
faire seul. En l’occurrence pour ce génois (et pour la Grand Voile)
j’ai une technique, je place la voile sur un passe avant en tirant sur
le point de drisse (la partie la plus pointue de la voile).
Progressivement je mets des rabans (des petits morceaux de cordes pour
serrer la voile) tous les deux mètres environ.

Puis je tire, je pousse, je lève, je dégage le coin qui s’est pris
dans un accastillage (c’est continuel). J’ai l’impression d’être une
fourmi, je courre d’un côté et de l’autre, je mets du temps mais à la
fin la voile se retrouve sur le quai. Une fois pliées, j’ai installée
une tyrolienne grée en haut du mât d’artimon pour faire passer les
lourds sacs du quai sur le bateau.

Mes pompes fonctionnent. Une est tombée en panne au bout de deux
heures ! Mais maintenant j’ai retrouvé de l’eau froide et de l’eau
chaude avec mon chauffe-eau réparé. Ce matin j’ai recollé le fond de
l’annexe qui prenait un peu d’indépendance. J’ai également avancé le
problème du chauffage et j’ai trouvé une femme qui a l’habitude de
réparer ou même de construire des capotes. Elle vient demain matin au
bateau pour me faire un devis.

Tout s’encliquète comme il faut, les différents problèmes sont en
train de trouver des solutions et je vais prendre l’avion mercredi
matin avec la satisfaction d’avoir réussi la mission que je m’étais
donnée. Je sais que, lorsque je reprendrais la mer, mon bateau sera
prĂŞt Ă  affronter les mers du Sud.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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