Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 07 Jan 2017 20:00:00 - En route pour San Fernando N° 927 - DĂ©but d’une Grande Aventure
20hTU, 24h en France.
Bonjour Ă tous,
Nous sommes dans le vol Madrid/Buenos Aires, j’ai récupéré Cyril à l’aéroport d’Orly. Ce grand mois de break va lui faire un bien fou. De temps en temps il faut savoir lâcher prise pour repartir beaucoup plus fort. Cyril à 45 ans, il tient un bar à vin rue Didot dans le 13ème. Il a déjà possédé un voilier et adore la voile.
Je ne le connais qu’à l’occasion de quelques soirées mémorables dans son restaurant à l’occasion de l’ouverture du salon nautique. C’est chez lui que j’ai vécu un des plus grands moments de ma vie lorsque j’ai reçu le premier appel de greffe.
A Madrid nous étions en train de boire une bière bien méritée en attendant d’embarquer lorsque qu’une espèce d’aventurier s’est approché de nous. Je ne pensais plus à mon deuxième équipier, Je me demandais ce que me voulais ce gars. Puis j’ai compris qu’il s’agissait de Nick.
Avec son grand chapeau c’est Indiana Johns en personne. Italien, grand et sec, il a 65 ans. Il a passé sa vie dans « l’huile », sur les plateformes pétrolières un peu partout dans le monde mais uniquement dans les pays chauds. C’est un copain d’Angelo avec qui il a travaillé. Il s’est mis au voilier il y a deux ans et possède un bateau d’une dizaine de mètres.
Ils sont tous deux excités par cette aventure et ils comptent en profiter pour se perfectionner. Ils ont hâte de découvrir Harmattan. Pour moi également c’est une aventure inhabituelle, je voyage la plupart du temps en solitaire, parfois avec mon copain Jacky avec qui je navigue depuis trente ans et je dois dire que je suis un peu inquiet.
Vais-je supporter cette intrusion dans mon univers ? Vais-je être suffisamment sociable ? Je vais devoir faire d’énormes efforts. Si tout se passe comme je l’espère je ne reviendrais en France que lorsque le bateau aura atteint au moins Puerto Montt, voir Valdivia qui se trouve approximativement à la même latitude que Buenos Aires mais de l’autre côté, dans le Pacifique.
Cela représente dans les 5000 Miles, et 3 ou 4 mois de voyage avec le passage au Cap Horn. Cyril est avec nous jusqu’à Ushuaia et Nick doit rester jusqu’au bout. Dans les canaux de Patagonie on doit prendre un mouillage tous les soirs et c’est impossible seul. En effet il y a des vents extrêmement violent et l’on doit rentrer dans des caletas.
Il faut qu’une personne reste aux commandes du bateau pendant que l’autre ou les autres (l’idéal étant d’être trois) vont porter des amarres à terre. En général on jette l’ancre puis on recule dans la calanque et deux amarres relient le bateau à la terre. Parfois il faut en mettre 4 s’il fait très mauvais.
Harmattan est prêt, nous n’avons qu’à procéder à l’avitaillement et effectuer les formalités administratives avant de larguer les amarres. Il y a plusieurs supermarchés bien achalandés et ils sont ouverts le dimanche. Si la météo le permet nous pourrions partir dimanche après midi ou lundi.
Nous sommes partis de Paris avec des températures négatives et du verglas, à Buenos Aires il fait actuellement entre 30 et 35 degrés, parfois 38 ! Les premières semaines vont être très agréables. Mais à Ushuaia il peut geler le matin et dans l’après midi la moyenne se trouve entre 10 et 12 degrés, c’est l’été quoi.
Comme à chaque fois j’ai hâte de retrouver Harmattan. Tout s’est-il bien passé ? Ma hantise (c’est bête) est bien entendu de ne voir dépasser de l’eau que le haut des mâts. Dès que je vais l’apercevoir en train de flotter je serais rassuré. Tout le reste est sans importance. Ensuite je vais devoir tout tester car sur un navire le seul état stable est l’état de panne. L’état de fonctionnement est toujours très précaire.
Nous sommes maintenant au bar de la marina après une journée éprouvante. Il fait une chaleur insupportable et nous allons essayer de larguer les amarres demain après midi pour partir en mer. Je dis bien essayer car pour l’instant il n’y a pas d’eau et Harmattan est échoué dans la vase.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
|
© 2009-2024 Jean Louis Clémendot |